Ce beau livre est une double biographie de 2 grands personnages français du 19ème siècle, deux amis, deux chemins, un est peintre et l’autre homme politique.

On voit Monet au travail, installé dans la nature avec plusieurs toiles pour saisir tous les mouvements du soleil, et les changements de lumière au cours de la journée, ses découragements, ses difficultés avec son père, ses batailles dans le mouvement des impressionnistes, ses problèmes financiers récurrents et son rôle dans l’acquisition d’une toile de Manet par les musées français.

En face on voit Clemenceau et ses luttes pour défendre la République, la séparation de l’église et de l’État, obtenir l’amnistie des Communards, ou son implication dans l’affaire Dreyfus aux côtés de Zola jusqu’à la reconnaissance de la non culpabilité́ du capitaine Dreyfus, son rôle dans l’acquisition de peintures de Monet pour les grands musées français notamment les Nymphéas et durant la guerre de 14/ 18 lorsqu’il a été appelé́ au gouvernement, ses idées contre la peine de mort, contre la colonisation…..

L’amitié que se vouaient mutuellement Georges Clemenceau et Claude Monet, pour atypique qu’elle put paraître, n’avait rien d’une arrière-pensée séductrice d’un public ou d’un électorat. Elle était empreinte d’une authentique sincérité́. Il suffit pour s’en convaincre de voir le cliché représentant Clemenceau à l’enterrement de Monet. Au milieu de la foule venue saluer l’inventeur de l’impressionnisme, on y voit le Tigre abattu, le visage marqué par la peine.

Clemenceau et Monet avaient beaucoup de choses en commun. A commencer par un caractère bien trempé, de celui qui ne se laisse dicter sa conduite par personne. Intransigeants, entêtés, passionnés, chacun dans son domaine, rien n’aura pu les détourner de leur conviction : Monet de ce style de peinture sur laquelle d’aucuns ont pu cracher à ses débuts, Clemenceau de son combat pour une démocratie qui stimule l’individu. Avec eux l’impressionnisme et la 3ème République étaient nés. Ils se sont battus pour que leur voie s’éclaire, pour que leur voix s’entende.

Le livre est bien documenté, l’écriture est agréable

Samuel Mayol