Étude pour une déclaration des obligations envers l’être humain.

« Est criminel tout ce qui a pour effet de déraciner un être humain ou d’empêcher qu’il ne prenne racine ».

1942. Résistante, Simone Weil est à Londres, rédactrice au service de la « France libre ». C’est alors qu’elle écrit, pour l’après-guerre, plusieurs textes ayant vocation à préparer la refondation du pays.

Les idées développées ici, et qui étaient destinés à servir de modèle aux nouvelles institutions de la République française après la défaite des Nazis, portent sur le caractère sacré de la personne humaine, l’inaliénabilité de sa dignité et la nécessité de rejeter toute source du mal. Il est vrai que la situation politique et militaire de l’Europe et de l’ensemble du monde libre ne pouvaient que dicter à cette philosophe de si sombres spéculations sur l’avenir de l’humanité.

Elle insiste tant sur la globalité de l’humain en tant que tel ; elle souligne la nécessité de ne pas fragmenter l’être humain et de ne déclarer sacrés que certains de ses aspects. C’est la totalité dans son ensemble qui compte, c’est le noyau insécable qui est sacré. Vu que Weil a succombé à la maladie en 1943, je me demande si elle avait eu connaissance de la Shoah, l’horreur absolue.

J’ai trouvé ce texte très profond et tellement troublant.

En pleine guerre, alors que le monde est plongé dans un chaos total, elle défend une idée que je partage tellement : la dignité dans le règne de l’humain est incomparable, insaisissable.

L’être humain, chaque être humain, constitue un ensemble unique en son genre et qu’il est irréductible à autre chose, pas même à un autre être humain.

Alors qu’elle souhaitait rejoindre la résistance intérieure du pays, elle meurt à l’âge de 34 ans en 1943 à Ashford de la tuberculose.

Tous ses écrits seront donc posthumes.

Un livre à lire absolument