Qui dit vacances scolaires, dit lecture de vacances scolaires.

Comme à chaque fois je lis les livres que mes enfants ont à lire.

Donc dans la série « je suis en seconde », cette semaine c’est « Montserrat ». Et j’ai découvert ce chef d’œuvre que je n’avais jamais lu.

Juillet 1812.

Le chef vénézuélien a été battu et capturé dans une suprême bataille, le 11 juillet, par le capitaine général espagnol Monteverde. Simon Bolivar, lieutenant de Miranda, est en fuite.

Caché par des patriotes, il a pu, jusqu’ici, échapper aux recherches. Les Espagnols occupent les trois quarts du pays. La répression est terrible

Cette pièce de théâtre est un pur chef d’oeuvre en trois coups, actes ! Impossible d’en sortir indemne.

Chaque passage est une mine susceptible de vous exploser à la figure !

Déjà le tableau de Francisco de Goya en couverture, « El tres de mayo de 1808 en Madrid » (Le 3 mai 1808 à Madrid), qui illustre les représailles des troupes Napoléoniennes contre l’insurrection espagnole, nous met dans l’ambiance.

Pourtant, l’action ne se déroule pas en Espagne, mais au Venezuela, en 1812.

Les espagnols, ces mêmes espagnols opprimés par Bonaparte dans leur propre pays, occupent alors les trois quarts du Venezuela et les massacres font rage. Victimes d’un jour, bourreaux de demain… un cercle infernal qui n’a pas de fin. Et qui malheureusement se répète sans cesse.

Montserrat, révolté par les exactions de ses compatriotes, est l’officier espagnol qui a aidé le rebelle Simon Bolivar à prendre la fuite. Mais son supérieur Izquierdo découvre sa trahison et obtient carte blanche pour arracher à Montserrat le lieu de retraite de Bolivar. Il connait bien Montserrat et sait que la torture physique ne le fera pas parler. Mais il existe bien des moyens de faire parler un homme…

Un huis clos suffocant d’une violence et d’une cruauté inouïe par son cynisme et « cette manière terrifiante de nier l’homme ».

Je vous laisse découvrir le plan machiavélique imaginé par Izquierdo et les réactions individuelles qu’il va provoquer. La confrontation Izquierdo/Montserrat est particulièrement intense.

Le rôle inadmissible et criminel de la religion est mise en avant de façon nette dans cette pièce.

A travers la colonisation du Venezuela par les espagnols, l’auteur dénonce les atrocités et les aberrations de toutes les guerres, mais plus encore, il pointe du doigt les choix existentiels de tout à chacun : courage, lâcheté, résignation, pardon, vengeance, responsabilité (etc).

Combat extérieur ou combat intérieur, jusqu’où un individu est-il prêt à aller pour défendre une cause qu’il estime juste ? Ou pour accomplir son devoir ? Qu’est-il prêt à sacrifier pour échapper à la mort ? Comment est-il prêt à mourir ? Est-il seulement prêt à mourir ? Et nous, qu’aurions nous fait ?

Une lecture sous haute tension qui fait réfléchir et qui je dois bien le dire m’a littéralement assommé.

« La guerre apprend à tout perdre, et à devenir ce qu’on n’était pas. » (Albert Camus)

Samuel Mayol