
Abdulrazak Gurnah
Ils sont deux. Deux hommes africains, originaires d’une contrée considérée comme à l’autre bout du monde – Zanzibar – à se retrouver en asile au Royaume Uni.
Le premier porte un faux nom. Il se fait appeler Rajab Shaaban Mahmud, porte avec lui un sac de vêtements, un coffret en acajou qui recèle un bien précieux, et il est doté d’un conseil – bon ou mauvais on le saura plus tard : en dire le moins possible, et faire semblant de ne pas parler tandis qu’il maîtrise parfaitement la langue.
Le second est un peu plus jeune. Ironie de l’histoire, c’est le fils du vrai Rajab Shaaban. Il est arrivé un peu plus tôt au Royaume Uni et vit en tant qu’universitaire à Londres.
Abdulrazak Gurnah va nous faire vivre dans la tête du premier : qu’est-ce qui peut en effet pousser un homme de plus de 60 ans à tout quitter pour demander l’asile dans un pays dont il ne semble même pas parler la langue ? On comprendra plus loin que, après une vie de riche commerçant, il a fait de prison et aspire à la sérénité.
Ce sera ensuite le tour de Latif, d’abord appelé comme interprète pour traduire la langue de son compatriote, et surtout bien curieux de comprendre pourquoi l’homme qui lui fait face a emprunté l’identité de son père décédé.
Car les deux hommes, sans se connaître profondément, ont de forts liens communs.
Je ne dirai rien de ce qui les lie, pour ne pas divulguer aux lecteurs le plaisir de lire ce conte qu’on pourrait croire issu des mille et une nuit.
Mais surtout on aura j’ai apprécié le style d’écriture : nul doute que c’est ce qui fait la force du récit de Adulrazak Gurnah, couronné d’un Prix Nobel bien mérité.
L’écriture est ample, elle prend son temps, et cherche à décrire la subtilité des liens entre les êtres, fût-ce la haine ou le ressentiment.