A la mort d’une mère avare et dure, sa fille unique, hérite du canapé-lit remarquablement laid.

Elle charge ses deux fils et sa belle-fille de transporter la relique depuis la banlieue parisienne jusque dans la maison familiale d’Auvergne. Durant cette traversée de la France en camionnette, les trois convoyeurs échangent des souvenirs où d’autres objets, tout aussi dérisoires et encombrants que le canapé, occupent une place déterminante.

À travers l’histoire du canapé et de ces objets, c’est toute l’histoire de la famille qui est racontée, mais aussi celle de la relation forte et conflictuelle entre les deux frères.

Un récit hilarant, parfois féroce dans la description des névroses familiales, plein de tendresse bourrue, de hargne réjouissante, d’érudition goguenarde.

J’ai aimé la perception désenchantée du monde de Pierre Jourde, son autodérision, son intelligence, son érudition, ses oublis pudiques mais volontaires mais également ses descriptions précises et détaillées, et enfin son humour. La description de certaines scènes est totalement hilarante.

Comme certains et rares grands auteurs, Pierre Jourde possède l’élégance de masquer ses fêlures intimes ou ses grandes douleurs sous un vernis d’humour caustique. Il n’assomme pas ses lecteurs avec des textes larmoyants, dégoulinants ou sentimentalistes ; il ne s’adresse pas à leurs tripes mais à leur cerveau. Le voyage du canapé-lit est un récit drôle, grinçant mais également et surtout, profond et émouvant.

Samuel Mayol