
William Gardner
Roman écrit en 1963 qui révèle un auteur capable d’une analyse précise et visionnaire de questions qui sont toujours au coeur de l’actualité.
Simeon Brown, un journaliste et peintre noir américain fuit les USA et leur politique de ségrégation à l’égard des africains américains pour trouver en France une sorte de paradis dans lequel, du moins dans le Paris où il vit, aucune ségrégation n’est pratiquée, ni dans les bus, ni dans les cafés, hôtels et restaurants, ni dans les cinemas…
Les Américians blancs qu’il a l’occasion de rencontrer n’ont pas le comportement qu’ils ont à New-York, Harlem, ou Philadelphie.
Ce paradis qui a tout pour plaire cache pourtant un enfer. Simeon rencontre dans les rues des personnes qui « avaient un regard triste, abattu, furieux, un regard que Simeon connaissait pour l’avoir vu dans les rues de Harlem. (…)
Ils observaint Simeon sans sourire, une chose qui ressemblaient étrangement à de la reconnaissance circulait entre eux et lui.
Ces personnes ce sont les Algériens dont il finit par dire qu’ils sont les « Nègres de la France ».
Pour eux la ségrégation est la règle. Sécrégation sociale et ségrégation géographique.
Il s’en ouvre à ses amis expatriés parisiens.
« C’est autre chose. Je t’assure qu’il ne s’agit pas de racisme. »
On lui explique alors que les choses ne peuvent être comparées, qu’entre la France et l’Algérie, il y a une guerre.
Ahmed, l’étudiant algérien qu’il rencontre lui met la réalité devant les yeux. Même si ce dernier admet avec regret la violence de la guerre, en professant qu’elle existe dans les deux camps, mais qu’un jour elle devra se terminer.
Simeon rencontre Maria une jeune juive polonaise qui a survécue au camp de Buchenwald où ses parents ont été assassinés.
Simeon et Maria s’interrogent sur la hiérarchie des malheurs et des victimes.
Le narrateur confronte sans arrêt sa vie à Paris à son enfance et son adolescence aux USA où il a vécu le délit de faciès, la suspicion permanente de la police, les contrôles et les gardes à vue.
Le roman pose déjà en 1963 des questions que nous n’avons toujours pas résolues aujourd’hui, comme celle du racisme ordinaire souvent dénié.
A lire absolument.