
En un peu moins de 20 lettres, cette nouvelle épistolaire, épurée à l’extrême, réussit le tour de force de passionner, toucher, attrister et surprendre un lecteur qui, finalement, n’y opposera qu’un seul bémol : sa brièveté !
L’entre-deux guerres laisse une Allemagne exsangue économiquement. Véritable terreau fertile pour qui saurait alors haranguer et galvaniser les foules désespérées désormais enclines aux solutions les plus extrêmes !
A travers cette correspondance entre Max Eisenstein (juif américain) et Martin Schulse (allemand), le récit montre comment l’amitié entre les deux hommes va voler en éclat devant l’aveuglement de Martin, faisant sienne les thèses abjects du nazisme.
Dans un texte très court et concis, cette amitié se transforme en haine viscérale. D’une incroyable intensité, le terrible glissement s’opère lettre après lettre comme une fatalité inéluctable.
Ce texte est à rajouter à la malheureuse et trop longue liste des livres montrant la folie nazie, mais tout aussi indispensable pour ne jamais oublier ce que folie peut provoquer.
Taylor réussit un texte intemporel, fort et bouleversant.
Samuel Mayol