
Le hasard, la coïncidence ? on y croit ou pas.
Des rencontres ont parfois lieu.
Ici, un agenda dont le modèle à « l’ancienne » devait être un cadeau.
L’auteure le parcourt.
Stupéfaction et nous vibrons avec elle.
Les noms qui apparaissent sautent à nos yeux ébahis. On se prend à rêver : Aragon, Breton, Cocteau, Chagall, Éluard… la liste est longue, évocatrice, tentante. Quelques recherches, une authentification confirme qu’il appartenait à Dora Maar, la photographe, l’artiste peintre, l’amoureuse, la passionnée, surtout connue comme celle que Picasso aima, rejeta, peignit en « La femme qui pleure ».
Commence alors une enquête, un travail de fourmi, une biographie originale favorisée par quelques noms qui permettent à Brigitte Benkemoun de relier la propriétaire à ces adresses et numéros de téléphone qu’elle a noté́ en cette année 1951.
Le passé arrive en flash-back dans ce présent retrouvé. Et aujourd’hui nous découvrons : une époque, un milieu (un « village » comme dit l’auteure), des peintres, des poètes, des surréalistes et LE plus grand de tous : Picasso.
Des rapports humains contrariés, difficiles, compétitifs, la souffrance d’une femme brisée, malade qui se relèvera en cheminant dans une analyse avec Lacan et une religion quelque peu excessive.
90 ans d’une vie qui défile devant nos yeux, une femme qui intrigue et repulse parfois, un monde dans le monde, monde de souffrances, d’excès, de solitude douloureuse.
Le livre est intense et court, on le quitte à regret, on devine tant de méconnaissance de cette femme qui la souhaita elle-même, le poème qu’elle écrivit et que l’auteure nous transmet en fin de livre le dit : « Dans le secret de moi-même à moi-même secret … ». Respectons-la comme la respecte l’auteure qui nous raconte le chemin qu’elle a entrepris pendant deux ans à partir de cet agenda que le hasard ? ou la coïncidence ? a porté jusqu’à elle.
Une magnifique et pudique approche qui, dans un style très agréable, nous propulse dans le monde artistique d’un XXème siècle révolu.
Samuel Mayol