
Au programme des lectures de mon fils, élève de seconde : « l’écume des jours » de Boris Vian.
Et comme à chaque fois, je lis en même temps que lui pour avoir le plaisir d’échanger sur l’ouvrage.
De Boris Vian, je ne connaissais que « L’arrache cœur » que j’avais moi-même lu au lycée et qui m’a marqué à jamais.
C’est donc avec plaisir que je découvre cet autre roman de Vian. Et je dois reconnaitre que je me suis délecté de ses fantaisies littéraires.
Dans un univers mêlant quotidien et onirisme, ce roman conte les aventures de Colin, de Chick, d’Alise et de la belle Chloé. Deux histoires d’amour s’entremêlent : Colin est un jeune homme élégant, rentier, qui met fin à son célibat en épousant Chloé, rencontrée à une fête, tandis que son ami Chick, fanatique transi du philosophe vedette Jean-Sol Partre, entretient une relation avec Alise. Tout irait pour le mieux sans les forces conjuguées de la maladie (Chloé est victime d’un « nénuphar » qui lui dévore le poumon) et du consumérisme (Chick consume ses ressources dans sa passion pour Jean-Sol Partre) qui s’acharnent sur les quatre amis.
J’ai été, au cours de ces pages, à l’affût du moindre jeu de mot, de la moindre situation cocasse, de la plus petite invention de ce génie du surréalisme.
Vian, n’hésite pas à bousculer les habitudes du lecteur. Il se permet des extravagances qui ne sont pas données à n’importe quel écrivain. C’est une maîtrise parfaite de la langue qui lui permet de faire de telles prouesses
Que voir dans « l’écume des jours » ? des représentations de la vie, de l’amour, de la mort : le travail est envisagé comme une exploitation des individus et le côté inhumain en est dénoncé, la religion est l’affaire d’hommes cupides qui déploient leur énergie dans le cas du mariage de Chloé et Colin qui dispose de richesses suffisantes pour satisfaire les hommes d’Église.
L’amour est envisagé sous des aspects divers : amour incestueux entre Nicolas et Isis, amour platonique voire impossible entre Chick et Alise, Amour avec un grand A entre Colin et Chloé, On peut d’ailleurs y voir un certain pessimisme de Boris Vian puisque cet amour, le seul vrai amour, sera détruit par la mort.
La mort : elle est invincible, destructrice, inéluctable, elle vient détruire ce qui est beau, l’atmosphère du roman change lorsqu’elle devient omniprésente et étend son action sur l’environnement : les carreaux se ternissent, l’escalier devient de plus en plus étroit, le plafond descend, un personnage se met à vieillir.
Je comprends que certains peuvent avoir des difficultés pour rentrer dans ce genre de roman, le surréalisme, ça passe ou ça casse, mais il faut chercher au-delà des faits, des descriptions, des fantaisies.
Pour venir à bout d’une telle œuvre, il faudrait la lire et la relire afin de maîtriser tous ses aspects.