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Julie Otsuka

Ce roman de Julie Otsuka commence avec une étude amusante du quotidien d’une communauté hétéroclite de nageurs qui se côtoient dans une piscine souterraine, chaque membre ayant ses rituels, ses motivations à venir nager, microcosme de la société américaine. Julie fait un choix narratif osé, celui du « nous » narratif des nageurs qui se croisent, se chamaillent, se fréquentent, unis par leur dévotion à la natation et leur désir de fuir le monde d’en haut.

Et puis une fissure apparait au fond de la piscine, inexpliquée, situation donnant lieu à des réactions au surréalisme loufoque. Et puis la piscine ferme selon le principe de précaution.

Du « nous » foisonnant, émerge une nageuse, particulièrement touchée par cette rupture du quotidien : Alice, retraitée, qui est atteinte de la maladie de Pick, premier stade, maladie neurodégénérative proche d’Alzheimer, elle qui oubliait peut-être la combinaison de son casier mais jamais les gestes rassurants et apaisants de la natation.

Dans la deuxième partie, le ton change très abruptement. Finie la comédie sociale presque acidulée, direction l’EHPAD où vit désormais Alice. Le ton se fait acerbe et sarcastique pour raconter la nouvelle vie d’Alice. Un nouveau choeur antique « nous » apparaît, la voix des oppresseurs, celle malfaisante et sadique de l’institution médicale qui illustre violemment la cruauté de la sénilité en énumérant notamment toutes les choses qu’Alice ne pourra plus faire et tout ce dont elle ne se souviendra plus jamais.

J’ai eu du mal à trouver le liant entre ses deux parties totalement disjointes. Sans doute l’EHPAD est-il le contrepoint cauchemardesque du monde de liberté totale qu’était la piscine pour Alice. Sans doute les deux lieux gomment-ils toute différence sociale, les nageurs et les malades étant tous traités de la même façon. Mais ces réflexions n’ont pas suffi à assembler ces deux récits que j’ai trouvé mal accouplés.