La morte amoureuse et autres nouvelles fantastiques – Théophile Gautier

Je dois avouer que je ne connaissais pas ce livre.

Mais m’étant mis en tête de lire tous les livres que mes fils ont à lire dans le cadre de leur scolarité, c’est « la morte amoureuse et autres nouvelles fantastiques » qui était au programme de ces vacances de Toussaint. Et j’ai re découvert Théophile Gautier que je ne connaissais finalement qu’à travers le capitaine Fracasse…

Il s’agit donc de quatre nouvelles fantastiques.

Les deux premières nouvelles se ressemblent assez.

Les tapisseries et les tableaux plaisent décidément à l’auteur. Les personnages – des femmes surtout- en sortent et s’animent comme en des songes.

Ces deux premières nouvelles me font songer à une grande immaturité amoureuse : l’homme vit toujours en songe des amours secrètes et chastes, comme idéalisées. Les femmes sont belles et délicates. D’apparat, car jamais profondes et toujours uniquement aimées par un physique agréable, fragile et délicat.

L’aveu ne tarde jamais: soit la femme se livre, ou bien le narrateur, armé d’un grand courage, se dévoile sans crainte.

Ainsi, une jeune fille morte des suites d’un bal sort d’un portrait et revient danser la nuit avec le narrateur. Dans la nouvelle suivante, une marquise en costume d’Omphale sort d’une tapisserie, lui montre un sein et lui avoue son amour.

Dans chacune des nouvelles , l’amour est dépeint comme une force occulte et supérieure, presque diabolique tant la femme est enchanteresse, et à laquelle l’homme ne peut résister. Une sorte de mythe, en somme.

« La Morte Amoureuse », la plus longue nouvelle des quatre, est l’histoire d’un vieux prêtre qui se confie sur un amour de jeunesse, qu’il rencontra le jour même de son ordination.

Il tombe amoureux d’une jeune courtisane morte, puis ressuscitée, et en est tout à fait subjugué. Cette morte vient le hanter toutes les nuits.

Tandis que le jour, le jeune prêtre tient sa cure de campagne, la nuit il devient un gentilhomme beau et débauché, vivant à Venise. Cette double vie fait que bientôt, il croit être le seigneur vénitien et rêver toutes les nuits qu’il est curé. Il ne distingue plus le songe de la réalité, presque jusqu’à la folie.

Cette femme est le visage de l’amour et de la séduction. Toutes les amantes mythiques sont convoquées.

On se demande si ce sont des visions chimériques ou un amour réel. Rêve ou réalité ?
C’est un récit empreint d’angoisse mais aussi de lyrisme et de mysticisme, le vocabulaire de la douleur, de la blessure à vif et du déchirement parsème le texte, celui du désespoir aussi. On y voit beaucoup d’actions aussi. le conte interroge également la vocation religieuse et le paganisme, l’amour impossible, la mort, la frontière entre le réel et le surnaturel. C’est un très beau conte.

La dernière nouvelle est plus surprenante. Elle raconte comment un homme achète un pied momifié égyptien, celui d’une princesse, et l’utilise comme serre-papier sur son bureau. Dans cette nouvelle, l’auteur use d’une ironie appréciable, bien dosée.

L’ensemble de ces contes est très bien écrit. Pour autant, les histoires fantastiques se ressemblent assez (toujours des femmes qui viennent hanter un homme la nuit, en ses songes.

Ces nouvelles mêlent amour et fantastique.

Théophile Gautier mériterait un plus grand succès et une plus grande reconnaissance. Son aptitude à mélanger parfaitement les genres et un vocabulaire riche font de ce recueil de nouvelles, un des meilleurs que j’ai lu jusqu’à présent.

Samuel Mayol